Message aux amis de la Fête et du Carnaval, adressé le 21 août 2016 à la liste de diffusion du Carnaval de Paris :
21/08/2016

Chers amis de la Fête et du Carnaval,

La fête est toujours présente, c’est un plaisir, un besoin, une évidence, une nécessité et la fête est à portée de la main. Nos ancêtres connaissaient une vie bien plus dure socialement et sanitairement que la nôtre et pourtant, la fête était très vivante et joyeuse. Avant 1790, il y avait un très grand nombre de jours fériés et chômés. Ces fêtes étaient souvent à motif religieux, mais pas seulement. Le Carnaval était partout très populaire.

Il existait un très grand nombre de maitrises et manecanteries qui animaient musicalement les églises et qui furent ensuite licenciées. Les centaines de chanteurs qui se retrouvèrent ainsi « dans la Nature » contribuèrent très certainement au remarquable essor des goguettes et orphéons dans les années 1810.

En 1818, les dernières troupes d’occupation alliées évacuent la France. Pour la première fois depuis 1792 le pays est enfin en paix après de très longues années de guerre. Des centaines de sociétés chantantes dites goguettes naissent alors. Leurs noms, tels que les Amis du Plaisir, les Amis de la Grappe, les Disciples de la Gaité, les Soutiens de la Folie, leurs pratiques, la durée de leur existence témoignent du besoin et de la capacité de la population à s’amuser.

Durant des décennies prospèrent goguettes et sociétés chorales, baptisées orphéons. Les orphéons seront au 19ème siècle à l’origine de rassemblements festifs regroupant des milliers de choristes.

Durant ce temps-là, les musiques festives de danses de Paris sont célèbres et propagées dans le monde entier. En France tout le monde ou presque dansent, aiment danser.

Par la suite, des motifs politiques après 1870 vont amener à réviser l’Histoire. Les Républicains veulent faire de la période du Second Empire une période maudite où le peuple a été forcément uniquement malheureux, sans parler de l’époque de la Restauration qui ne doit pas être meilleure. Pour cela il faut faire oublier goguettes, danses, musiques festives et orphéons. Le Carnaval de Paris est aussi un événement suspect. C’est l’expression du caractère joyeux, insouciant et indépendant des Parisiens et Parisiennes qui ont fait également quelques révolutions. Oublions vite cette identité parisienne, ce peuple et ces femmes qui s’amusent librement et indépendamment de la politique. Et ne parlons plus que de la Fête Nationale ! Elle sera très largement et longtemps subventionnée.

Avec le temps, le déclin des goguettes et des orphéons arrive. Ils seront considérés par les historiens à la mode comme des phénomènes marginaux politiques et populaires de qualité artistique médiocre, indignes d’intérêt. Les musiques festives de danses de Paris seront carrément vouées aux oubliettes. Pierre Jean de Béranger et d’autres poètes et chansonniers célèbres comme Émile Debraux ou Charles Gilles ne vont pas ou très peu figurer dans les histoires officielles de la littérature française. L’Histoire est souvent l’histoire des riches et des vainqueurs.

La fête populaire n’intéresse pas les historiens. De toutes façons ceux-ci préfèrent parler d’autre chose que de la joie et du rire. Ce qui nous plaît, ce qu’on aime, ce qui nous fait plaisir, la vraie vie ne les intéresse pas. Ce sont des gens tristes et neurasthéniques. Ils sont comme les journalistes qui adorent parler de choses sinistres mais jamais ou presque d’événements chaleureux et revigorants.

Mais le goût, l’envie de faire la fête est inhérent à l’homme lui-même. Ses traditions festives l’attestent. Ses recettes festives sont toujours disponibles et ne demandent qu’à être réveillées !

Saluons parmi les hardis pionniers de la renaissance festive parisienne un courageux ensemble musical belge qui reconstitue les superbes musiques festives de danses de Paris au 19ème siècle ! Il s’appelle « Les Pantalons » du nom d’une figure de quadrille. Allez voir sa vidéo sur Internet et appréciez son talent !

Nous préparons le Carnaval de Paris 2017. Et voilà qu’un érudit historien, Jean-Jacques Leroy, m’envoie les dates de naissance et décès et la liste des prénoms de Romain François Bigot l’inventeur du bigophone en 1881 ! Bigot est né le 4 mai 1835 à Saint-Nicolas-de-Port, et mort le 16 janvier 1903 à Paris 3ème. Déjà Arnaud Moyencourt, historien et musicien chanteur membre de l’association « Ritournelles et Manivelles », m’avait fourni la photo de Bigot. Je vous l’envoie. Si vous voulez mieux connaître le bigophone, joyeux instrument de musique festive qu’il a inventé, lisez l’article que je lui ai consacré dans Wikipédia.

A tous, très bonne fin d’été ! Bonne rentrée ! Et vive la joie et la fête !!

Basile

Portrait de Romain François Bigot (1835-1903) inventeur du bigophone :

Romain_Bigot_-_Almanach_du_Petit_Parisien_1910